
Faisons la grève de la crise: vers un automne de luttes!

Les processus de marginalisation générés par l’initiative capitaliste approfondissent les différences existantes et opèrent de nouvelles coupures sociales : un segment générationnel, entre autres, est l’objet d’une exclusion sans précédent, tant sur le plan social que sur celui de la production, en termes de valorisation de ses propres capacités et de satisfaction de ses propres besoins. La réponse institutionnelle à cette question s’incarne dans le modèle Expo2015 : d’énormes profits pour ceux qui spéculent, et du travail gratuit ou sous-payé, strictement à durée déterminée et précaire pour nous.
Mais, si la prolétarisation violente des plus jeunes vise à affaiblir leur potentiel revendicatif, c’est exactement sur ce plan, celui d’une inclusion non productive mais conflictuelle, que s’ouvre pour nous la possibilité de ‟recomposer-contre” un territoire social fragmenté et dispersé. La recomposition politique de notre camp ne manque pas, en effet, d’ambivalences dans la mesure où, avec le bloc de consensus entourant Renzi, pour ceux qui paient la crise se ferment tous les espaces de représentation dans l’arène institutionnelle. De cette opposition sociale, spontanée, diffuse, mais qui a du mal à assumer une dimension collective, nous voulons être les agrégateurs et les catalyseurs.
C’est la raison pour laquelle nous voulons expérimenter,  cet automne, des formes de grève sociale et métropolitaine qui soient  capables de dépasser aussi bien les formes classiques et sectorielles de  l’abstention au travail que l’activation exclusive des processus déjà  existants, et relever ainsi le défi du blocage de la ville et de ses  flux, d’attaquer l’adversaire dans ses lieux de l’accumulation et de  l’extraction de la valeur. En repartant de la richesse des luttes qui  ont traversé nos territoires, mais conscients que nous ne pouvons pas  nous en contenter. 
 Au cours de cette année, de multiples expériences de réappropriation et  de lutte pour le logement ont su décliner la question du revenu à partir  de besoins sociaux concrets, en proposant un front social d’opposition à  la crise, et en créant les conditions d’une nouvelle disponibilité à la  lutte – parce que les processus de paupérisation sont aussi une attaque  sur nos rapports de force collectifs. 
 Aujourd’hui, nous pensons qu’il est important de miser sur le dialogue  avec les nouveaux segments, inhabituels, atypiques de la composition  sociale ; qui sont étrangers à nos contextes mais dont l’effervescence  excède et dépasse le cliché du réservoir électoral pour les droites et  les populismes. 
 Pour cette raison, l’opposition aux impôts, qui s’est déjà révélé être  le terrain d’une opposition sociale dans des formes ambigües et/ou  individuelles, peut devenir une question politique à expérimenter face à  la fonction de privation directe de revenus dans le but d’alimenter le  système des grands projets et la concentration de la richesse que revêt  maintenant la fiscalité en l’absence de toute finalité redistributive.  De la même manière, le semestre italien de la présidence de l’UE et le  calendrier de ses kermesses peuvent représenter pour nous une  perspective de possibilités pour un conflit social généralisé contre les  politiques de l’Union Européenne et de la Troïka sur le travail, le  revenu, la gestion des flux migratoires, l’éducation, la fiscalité, la  finance et les grands travaux.
C’est pourquoi nous invitons toutes les réalités de  lutte, les mouvements territoriaux, les syndicats de base et  antagonistes à expérimenter des modes d’activation et de mobilisations  sur leurs propres territoires qui nous conduisent à sédimenter des  processus vers la construction de deux journées de mobilisation collective au cours de l’automne : une grève sociale métropolitaine le 16 octobre, qui s’insérera dans la semaine européenne de mobilisation pour le droit au logement “Stop evictions – Take the city” [‟Stop aux expulsions – Prenons la ville”] ; et une autre, de nouveau de dimension européenne, le 14 novembre à proximité de la journée internationale des luttes des étudiants. 
 En outre, en vue des mobilisations de protestation contre l’Expo en mai  2015, nous invitons toutes les réalités de lutte à prendre part aux  assemblées nationales de débat, de réflexion, de propositions politiques  qui seront appelées à Milan, afin d’imaginer ensemble une opposition  européenne aux politiques de la crise.
Enfin, avec notre regard tourné vers cet  automne qui nous attend et un été de luttes territoriales allant du Val  de Susa à la Sicile du NoMuos, nous ne pouvons que penser à Paolo,  Luca, Graziano, Francesco, Lucio et tous les compagnons et compagnes qui  sont actuellement emprisonnés ou sous résidence surveillée pour la  générosité avec laquelle ils ont pris part à nos luttes communes. Nous  voulons les ramener à nos côtés au plus vite. 
 De la même manière, alors que commence l’invasion israélienne de la  bande de Gaza, nous sommes aux côtés de tous les hommes et de toutes les  femmes palestiniens, victimes d’une nouvelle et énième attaque contre  les peuples en lutte. 
 Avec notre regard tourné vers le cimetière de la Méditerranée où se  déroule la tragédie de tant de vies refusées, nous ne pouvons pas  considérer les guerres, les invasions et les politiques des frontières  autrement que comme des dispositifs capitalistes contre lesquels nous  devons projeter l’horizon de nos luttes.
Assemblée plénière de Venaus (Val de Susa) des mouvements contre l’austérité et la précarité – 13 juillet 2014
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